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Prédication Luc 21, 1-4
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Le SEIGNEUR Dieu façonna l’homme de la poussière de la terre ; il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant.
Aujourd’hui, nous avons entendu différents textes dont le point commun est la vie, son irruption, son sens, et l’engagement pour la faire fructifier.
L’irruption de la vie
L’irruption de la vie est toujours une source d’émerveillement, car elle surfe entre mystère et joie.
Mystère de la création, de l’origine de la vie. Pourquoi, comment ?
De tout temps, les humains, croyants ou non, se sont raccrochés à un récit mythologique concernant les origines du monde, pour donner sens au mystère.
Le livre de la Genèse ancre la création de l’être humain dans une volonté divine. Comme beaucoup de récits de création, il est envisagé que Dieu a pris de la terre ou de la poussière et a façonné l’humain, qui s’est animé grâce au souffle divin.
Le SEIGNEUR Dieu façonna l’homme de la poussière de la terre ; il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant (Gen 2,7)
Certains mythes de création détaillent beaucoup plus que Genèse le passage des statues d’argile à l’être vivant. L’être vivant est celui qui respire, celui qui a été au bénéfice du souffle de vie de Dieu. Dès la création, l’origine de la vie animée vient de Dieu par le don de son souffle créateur de vie.
C’est pour cela que nous nous voyons comme créatures de Dieu.
Le souffle de Dieu, créateur de vie, est littéralement le nephesh de rayiim, c’est est un pluriel, le souffle des vies. Ce souffle donne toutes les vies, qu’elles soient humaines, animales ou végétales, mais aussi tous les aspects de l’existence. Le pluriel de rayiim (vies) souligne la richesse et la complexité de la vie, sa vitalité.
Complexité et vitalité voulues par Dieu. On a l’exemple de la complexité en Genèse avec l’arbre de vies (rayiim) mis devant Adam et Eve. Un bel arbre avec des fruits appétissants, mais pas que… !
Se voir en être vivant
Aujourd’hui, personne ne nie le statut « d’être vivant », bien que des débats aient lieu sur la vie et ses limites ; quand est-ce qu’on est encore vivant… mais ce n’est pas du tout le développement aujourd’hui, mais c’est un aspect de la vie qui est interrogeable.
Si on en croit le récit de la Genèse, il est impossible de dissocier vie biologique et vie spirituelle, puisque l’être est animé par le souffle de Dieu, souffle de vie biologique et spirituelle par Dieu et avec Dieu. Qu’on le veuille ou non d’ailleurs, la double dimension, biologique et spirituelle est ontologique par création divine.
Le psalmiste reconnaît l’ancrage en Dieu de la vie, et chante pour le sentier de la vie, ou plutôt les sentiers de la vie (en français difficile de rendre le pluriel de rayiim-vies : vies d’un être !!!) ; le psalmiste chante l’abondance de la joie par la présence divine.
Pour autant, bien que l’humain soit un être animé par le souffle divin, avec la présence de Dieu, plusieurs chemins de vie sont possibles ; parce que Dieu nous laisse la liberté de connaître différents sentiers de vie ; il nous laisse faire les expériences et de apprentissages ; pensez au texte du fils prodigue où le père partage son avoir
Le plus jeune dit à son père : « Père, donne-moi la part de fortune (oussia) qui doit me revenir. » Le père partagea son bien (bios) entre eux (Lc 15, 12).
En effet, le père partage son bien (bios) entre ses deux fils. Bios veut dire « vie » ; le père donne sa vie, c’est un peu comme dans l’ancien testament, le Père donne son souffle de vie, à savoir sa vie avec Dieu ; il partage entre ses fils la bénédiction qu’il a reçue de Dieu.
Avec le bios de Dieu il faut quand même choisir son chemin.
Parfois ça tombe à côté, comme dans la parabole du semeur qui sème dans les épines.
Ce qui est tombé parmi les épines, ce sont ceux qui, après avoir entendu, sont étouffés en cours de route par les inquiétudes, les richesses et les plaisirs de la vie (bios), et ne donnent pas de fruits mûrs (Lc 8, 4).
Ces deux paraboles sont des invitations à voir et choisir le sens de sa vie.
La vie, elle est donnée, et on peut souligner en ce jour de Pentecôte qu’elle est animée par l’Esprit de Dieu révélé en Jésus Christ de manière spécifique pour chacun :
Des langues semblables à des langues de feu leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux (Ac 2, 3).
Le divin se manifeste à l’humain par l’esprit figuré par une langue de feu ; il n’entre pas en lui mais se pose sur lui. Chacun sa petite flamme, est-ce à dire que chacun un esprit différent ? En tout cas, on peut affirmer que le message est personnel et non collectif. Chacun reçoit de l’extérieur (de Dieu) l’esprit de vie. Et chacun va décliner à sa manière comment vivre avec ce don précieux.
C’est l’objet de ma dernière partie :
S’engager sur un sentier de vie porteur de fruits ?
Pour refuser l’engagement avec Dieu, dans l’Église ou sur d’autre chemins, nous avons en général tous de solides arguments : Je n’y crois pas vraiment, il faut du temps, parfois des moyens…et puis nous ne sommes pas tout à fait capables…
Les riches de la parabole de la pauvre veuve, mettent un peu de leur avoir ; personnellement, je trouve que c’est déjà très bien. Et Jésus ne les critique pas ! Mais Jésus remarque la femme fragile (une veuve est fragile dans une société antique patriarcale…) qui met tout ce qu’elle avait pour vivre (bios). Oui, elle met son bios, c’est à dire sa vie. Aussi paradoxal que cela paraisse elle a mis de son manque et tout son avoir. Elle a déposé son manque et son avoir, autrement son être entier. Sa vie telle qu’elle est, avec ses pauvretés, probablement ses tristesses et ses soucis, et sa générosité déraisonnable.
Ce qu’elle apporte, c’est ce que l’on pourrait qualifier d’engagement total avec Dieu pour sa vie ; son offrande est confiance absolue en Dieu ; elle accepte de rester à une place auprès de Dieu, assez dé-préoccupée des contingences matérielles.
L’engagement avec Dieu, ou la reconnaissance de son importance dans nos vies est-il nécessairement dé-raisonnable ?
Je répondrais non bien sûr ! La parabole incite à se mouiller, un peu plus qu’un don d’argent, mettre un peu de son être, c’est à dire s’engager à la suite de Jésus dans un combat pour plus de justice humaine, pour entrer en relation avec autrui… ou pour faire connaître l’évangile par une Église vivante ; et là, il faut des têtes, des bras, des savoirs faire et des savoirs être.
L’engagement semble un mot étrange de nos jours tant notre temps est fractionné dans diverses activités. Or le règne de Dieu ne demande qu’à grandir (en référence à la parabole de la graine de moutarde en Lc 13, 18-19 *), avec nous, par nous, à l’image d’un arbre tellement attirants que beaucoup d’oiseaux viennent y trouver la nourriture dont ils ont besoin ; nourriture terrestre et spirituelle, nourriture relationnelle et pain de vie. Le règne de Dieu, il faut s’entendre sur le sens de cette expression. Ce n’est pas un règne à venir mais déjà là puisque Dieu règne sur la création et toutes les créatures par le don de son Esprit. Mais le règne (ou royaume de Dieu) est présent surtout quand des humains s’engagent dans le monde en vivant les commandements de Jésus : aime Dieu et ton prochain. Le règne de Dieu, Jésus le compare à une toute petite graine de moutarde, la plus petite qui existe, qui va donner un bel arbre. En voyant la petitesse du départ, rien ne laisserait imaginer un tel résultat.
Dieu nous encourage car ce que nous ne voyons quasiment pas, de tous petits moyens ou engagements peuvent permettre d’avancer sur le chemin des vies en portant beaucoup de fruits pour le monde, pour nos sœurs et frères en humanité. C’est à la confiance dans l’engagement que nous sommes appelés. Aujourd’hui, jour de Pentecôte, jour de baptême et de confirmation, il est bon d’entendre que Dieu nous fait confiance, qu’il nous confie la croissance de l’instauration de son règne sur la terre. Il ne s’agit pas de partir en croisade, mais de vivre notre foi, de répandre notre esprit de vie autour de nous. Dieu nous encourage et nous porte à le faire. En fait, il nous pousse à le faire, il s’agit probablement de le voir et d’accepter son appel.
Amen.
Pasteure Corinne Gendreau
* Lc 13, 18-19
Jésus disait donc : A quoi le règne de Dieu est-il semblable ? A quoi le comparerai-je ? Voici à quoi il est semblable : une graine de moutarde qu’un homme a prise et jetée dans son jardin ; elle pousse, elle devient un arbre, et les oiseaux du ciel habitent dans ses branches.